PHYTOTHERAPIE


LA MÉDECINE PAR LES PLANTES


Alors que la phytothérapie rencontre un succès croissant, ethnobotanistes et zoologues étudient les vertus des plantes utilisées aussi bien dans le règne animal que par les guérisseurs du monde entier. La biodiversité végétale exceptionnelle de certains pays du Sud aiguise également l’appétit des laboratoires pharmaceutiques occidentaux, qui recherchent dans cet eldorado vert de nouvelles molécules thérapeutiques.

Mises à l’index en France après la suppression du diplôme d’herboriste en 1941, les plantes médicinales ont longtemps été considérées comme des potions de grand-mères, des remèdes d’un autre âge détrônés par ’apparition des médicaments modernes. Il aura fallu attendre l’éveil écologiste des années 1970 pour redécouvrir les vertus de la médecine par les plantes, dont l’attrait n’a jamais semblé aussi fort qu’aujourd’hui : un Français sur quatre y aurait ainsi régulièrement recours pour chasser l’insomnie, soulager les jambes lourdes ou simplement rester en forme.

En Europe occidentale, la consommation de plantes médicinales aurait doublé au cours de la dernière décennie. Cette renaissance n’est pas seulement perceptible dans la gamme toujours plus large des produits à base de plantes vendus en pharmacie ou dans les boutiques bio. Elle se mesure aussi dans la nécessité d’importer de l’étranger 70% des plantes pour répondre à l’explosion de la demande en France. « Le boom dure depuis quatre ou cinq ans », observe Marie-Jo Foures, une phytothérapeute qui dispense une formation pratique sur les plantes médicinales aux 300 adhérents de l’association bretonne Cap santé. « Le public souhaite vivement connaître et cultiver des plantes pour le plaisir et pour la santé. »

Pour Marc Fliniaux, professeur de biologie cellulaire à l’université Jules-Verne de Picardie, cet engouement s’explique avant tout par le besoin de se soigner différemment. « Les plantes représentent une alternative à la médecine moderne, dont les traitements ne sont pas dénués d’effets secondaires », analyse-t-il. Et il n’y a pas nécessairement concurrence. Les adeptes de la phytothérapie considèrent souvent que « c’est une médecine de prévention, qui agit non pas sur les symptômes mais sur les causes », estime Véronique Cousin, qui tient une herboristerie à Wattrelos, dans le nord de la France.

les chroniques de Maurice Mességué sur RTL ou par le livre de Rika Zaraï, Ma médecine naturelle,best-seller des années 1980. Vingt-cinq ans plus tard, les plantes médicinales se vendent désormais en poudre ou en gélules, pour la santé comme pour le « bien-être » du consommateur avide de produits naturels et soucieux de mener une vie plus saine : « Elles répondent particulièrement bien aux maladies de la civilisation moderne, engendrées par le stress, une mauvaise alimentation et une mauvaise hygiène de vie », assure le actifs des molécules, en reproduisant chimiquement les vertus des plantes à partir d’extraits, pour élaborer des médicaments qu’il sera alors possible de breveter et de produire à grande échelle. « On a arrêté de traiter les plantes par le mépris pour en récolter les dividendes » , fait remarquer Jacques Labescat, conscient que les laboratoires sont avant tout motivés par le profit, même si des règles ont été imposées pour éviter les actes de biopiraterie, touchant les pays pauvres choisis pour leur biodiversité. Car toute trouvaille miraculeuse assure un bel avenir au laboratoire dépositaire du nouveau brevet, qui détiendra de fait le monopole sur les médicaments prescrits, reléguant la médecine par les plantes à la marge du système médical dit scientifique faute de retombées financières suffisantes.


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