110 ANS DE METHODE KNEIPP

A vrai dire, Sebastian Kneipp aurait bien pu passer de vie à trépas alors qu'il n'était qu'un pauvre étudiant en théologie: ayant diagnostiqué chez lui une tuberculose pulmonaire, le médecin ne donnait pas cher de ses jours. Mais, hasard ou destin, le jeune homme de 28 ans tomba à la bibliothèque sur le livre "Wasserheilkunde" (hydrothérapie) des frères Hahn (surnommés Wasserhähne, c'est-à-dire robinets) et suivit à la lettre les méthodes qui y étaient recommandées. En novembre 1849, on le vit ainsi s'immerger près de Munich dans les eaux glacées du Danube, puis s'essuyer d'un revers de main avant de courir d'une traite jusque chez lui. Ce qui, vu de l'extérieur, ressemblait à une tentative de suicide ramena peu à peu le mourant à la vie.

Le "père de la phytothérapie"

Mais l'hydrothérapie n'est qu'une partie de l'enseignement de Sebastian Kneipp qui a affiné ses méthodes tout au long de son existence. Les initiés parlent des "cinq piliers" sur lesquels repose la méthode: à côté du traitement par l'eau, le thérapeute a en effet souligné l'importance du mouvement corporel, d'une alimentation naturelle, d'une conduite de vie "positive" et ordonnée, ainsi que des plantes médicinales. Persuadé que "notre Seigneur a fait pousser une herbe pour chacun de nos bobos", Kneipp voulait contrer l'oubli de la phytothérapie. C'est pourquoi il passe aussi de nos jours pour le père de cette science.

"Notre Seigneur a fait pousser une herbe pour chacun de nos bobos"

En Suisse, on compte aujourd'hui 42 associations Kneipp regroupées dans le Schweizer Kneipp-Verband. Les associations locales, qui rassemblent à elles toutes plus de 15 000 membres, offrent des informations, des cours, des semaines de vacances, etc. Mais la particularité de la méthode Kneipp tient justement au fait qu'elle peut être appliquée à la maison, sans aide extérieure. Les installations nécessaires pour l'hydrothérapie sont présentes dans la plupart des cas (par exemple baignoire) ou peuvent être commandées au Kneipp-Verband (tuyau Kneipp, tuyau d'arrosage, baquet, etc.). A différents endroits d'Allemagne, les associations Kneipp ont de surcroît monté des installations d'hydrothérapie librement accessibles au public.

Des applications adaptées aux enfants

A l'heure actuelle, les malades de la tuberculose ne se soignent plus à l'eau froide. La méthode Kneipp, basée sur les cinq piliers, peut toutefois guérir bien des maux. Mais la prévention des maladies par le renforcement du système immunitaire importe davantage encore. A côté des traitements réguliers par l'eau, le thé de sauge ou les gouttes de rudbeckia (Echinacea) par exemple sont recommandés toute l'année, mais pas sans interruption. Luitpold Leusser, pharmacien des ateliers Kneipp à Würzburg (D), croit que le recours à la thérapie Kneipp suffirait à réduire de moitié le nombre de maladies dues à des refroidissements. Les applications Kneipp conviennent également aux enfants, à condition d'adapter les diverses mesures (rien qu'avec l'hydrothérapie, on dénombre plus de 120 applications) à leur âge.

"La thérapie Kneipp fait véritablement partie de la médecine complémentaire", estime Hans Rudolf Gugg, médecin en chef à l'Hôtel de cure kneipp hof de Dussnang (TG). Comme l'acuponcture, le massage du tissu conjonctif ou la thérapie des zones réflexes du pied, elle activerait le système nerveux par le biais de la peau et déclencherait ainsi des réflexes. Selon la région de la peau, on peut stimuler les organes internes, le système nerveux ou l'appareil moteur. "La réflexothérapie, précise Gugg, a toujours été une méthode de traitement importante; son effet, tout comme celui de la thérapie Kneipp, est scientifiquement prouvé."

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